"Une profonde réorientation des politiques #antitrust, inspirée par des représentants de l’école de Chicago comme Richard Posner ou Robert Bork. Auteurs en 1978 respectivement de Antitrust Law : an Economical Perspective et de The Antitrust Paradox, ils argumentent que la concentration et les fusions de grandes entreprises bénéficient aux consommateurs. Ils réussissent à imposer la doctrine du « bien-être du consommateur » (consumer welfare), selon laquelle les monopoles et les grandes fusions sont légitimes tant que les entreprises concernées peuvent argumenter qu’elles se traduiront par des baisses de prix. C’est le début d’une grande vague de concentrations, alimentée par le boom des marchés financiers, qui se poursuit encore aujourd’hui. Aux États-Unis et bientôt en Europe, les autorités de concurrence approuvent sans trop sourciller tous les projets de fusion qui leur sont présentés et se préoccupent surtout de faire la chasse aux aides d’État et aux monopoles publics. Symbole de ce changement d’époque : Exxon et Mobil, les deux principaux héritiers de la Standard Oil, refusionnent en 1999 avec la bénédiction du président Bill Clinton. En 2005, cinq des sept entreprises issues du démantèlement de AT&T en 1982 sont à nouveau regroupées, et reprennent le nom de AT&T. Deux autres s’unissent pour former son principal concurrent, Verizon.
"Ce n’est qu’avec l’essor du numérique que la lutte contre les monopoles revient finalement sur le devant de la scène. Dès les années 1990, la législation antitrust est utilisée pour forcer Microsoft à renoncer en partie à sa stratégie consistant à profiter de la position dominante de son système d’exploitation Windows pour contrôler également le marché des logiciels et notamment de la navigation sur le web."
Extrait du livre collectif co-dirigé par @OlivPetitjean #ObservatoireDesMultinationales et @IvanDuRoy #Basta : https://multinationales.org/fr/enquetes/multinationales-une-histoire-du-monde-contemporain/trust-et-antitrust-une-guerre-de-cent-ans-toujours-en-cours